(Notre ami Guy est de retour avec ses petits billets toujours tintés d'humour)

En exergue: un bon imprimé vaut mieux qu'un bon comprimé.

 

Alex est bibliothérapeute. Non, pas un restaurateur de livres, mais un thérapeute prescrivant de bons livres.
Ses patients: Yannick, qui a littéralement perdu sa langue dans un accident de voiture. Robert, un workaholic au bord du burn-out. Anthony, footballeur au sommet de son art, insatisfait de sa vie hors des stades.
Alex vient d'être largué par Mélanie.
La mère d'Alex est une universitaire du style emmerdeuse.
Le père d'Alex est aux abonnés absents.
La propriétaire-concierge d'Alex est une mal baisée.

"Ma tante Adrienne avait en commun avec ma mère une aversion maladive pour ma profession. Pharmacienne retraitée, elle profitait de l'argent gagné pendant quarante ans dans son officine. Une pharmacienne 'à l'ancienne', comme elle se qualifiait. Quarante années à vendre de l'aspirine avec une marge phénoménale. À proposer des sprays pour la gorge inutiles, des poudres contre la grippe qui provoquent des ulcères et autres maladies chroniques. Une pharmacienne à l'ancienne. Pingre avec ça. Quand elle dépannait ma mère d'une boîte de médicaments, elle ne manquait pas de la lui facturer.L'amour d'une sœur se monnaye, parfois."

Alex lui-même est du genre fainéant, grand admirateur d'Oblomov, le héros d'un écrivain russe nommé Gontcharoff. Un peu menteur, un peu comédien, il n'arrive pas à trouver sa place dans un monde agité.

Secouez tout cela comme au poker menteur, et vous obtenez un petit bijou d'impertinence et de tendresse.
La vie moderne avec ses réseaux sociaux et ses smartphones: balayée. "Les réseaux sociaux n'ont pas été créés pour communiquer, mais pour réconforter l'être humain malheureux, celui qui a perdu son travail comme celui qui a été raté par son coiffeur."

L'auteur est de père sarde (de Sardaigne). Son sens de l'humour fait mouche à chaque page.
Ses connaissances littéraires également. Pas étonnant, il est prof de lettres. Parmi mes distingués correspondants, j'en connais un qui devrait se précipiter sur ce délicieux roman.
J'espère qu'il se reconnaîtra.

Amitiés bibliophages,

Guy.
 

Petite incartade au pays du soleil levant. J’ai découvert le légendaire Seichô Matsumoto, le Simenon japonais, par hasard en compulsant les livres d’occasions chez un de mes libraires lausannois (et oui tout ne s’achète pas sur Internet, et oui c’était avant le confinement). J’ai tout de suite été attiré par le format du livre ainsi que par le quatrième de couverture.

Les enquêtes racontées par Matsumoto se déroulent dans le Japon des années 50-60. L’auteur attache beaucoup d’importance à la précision des lieux et semble très attiré par les trains, les horaires, les gares… C’est d’ailleurs autour d’un annuaire des chemins de fer que se déroule l’intrigue de « Tokyo Express », un des plus célèbres polars japonais contemporains. C’est en parcourant en train le Japon d’une extrémité à l’autre que les protagonistes du « Point zéro » finiront par découvrir la vérité sur la disparition de Kenichi Uhara. Et c’est encore en train que l’inspecteur Imanishi va enquêter aux quatre coins du pays pour démasquer le meurtrier du pauvre Kenichi Miki dans « Le Vase de Sable ».

N’étant pas forcement familiarisé avec les noms de famille japonais et ne connaissant pas la géographie nippone sur le bout des doigts, il est parfois facile de se perdre dans les intrigues tant les personnages et les lieux cités sont nombreux. Heureusement pour nous, pauvres novices, Matsumoto a la gentillesse dans les dernières pages de ses romans de faire faire un récapitulatif de l’affaire par un de ses personnages.

Il me reste à découvrir, en ce qui concerne les ouvrages traduits en français, la série de nouvelles rassemblées dans « La Voix » ainsi qu’«Un endroit discret » écrit en 1972 (suite de l'aventure ici). Pour les 450 autres livres en langue japonaise, je crois qu'il faudra que j'attende un peu. 

Jean-Claude

Encore un Cauvin. Mais il faut dire qu’il y en a beaucoup. Le monsieur était très « prolixe ». Presque une centaine d’ouvrages, romans, thriller, nouvelles, scénarios de BD, scénario de films… sous divers pseudonymes.

Ce Cauvin là s’inscrit dans la lignée des histoires sentimentales légèrement matinée de surnaturel. Un peu à l’image de « Laura Brams ».

On retrouve certaines constantes comme la jeune femme en couple avec un homme plus âgé, un – des enfants tenant un rôle plus que marginal dans l’intrigue, des questions existentielles sur l’amour et la mort, un suspens bien enlevé qui voit le dernier coup de théâtre se manifester uniquement à l’avant dernière page…

L’écriture est agréable à lire comme toujours, les personnages simples et attachants.

Je ressens Patrick Cauvin comme un auteur « modeste » dont beaucoup pourraient s’inspirer aujourd’hui, et qui mériterait d’être remis au goût du jour. Je ne sais pas si j’arriverai au bout de son œuvre mais j’essaierai. Toujours personne pour me contredire ou donner son avis ?

Jean-Claude

Il est des personnes qui ont une voie tracée dès leur premier cri. Celle de Christian Jacq s’appelle écriture. Sous son nom, sous divers pseudonymes, (il en a au moins 3) Christian Jacq produit plusieurs livres par année. Normal puisqu’il est au clavier 12 heures par jour… Et une imagination qui ne cesse de délirer. Rien que pour la série consacrée à Scotland Yard et signées JB Livingstone, il en a commis près de 50! Mais c’est pour ses romans historiques sur l’Egypte car il est aussi égyptologue romans qu’il décline en 9 séries de 2 à 5 romans , qu’il deviendra célèbre.

Pour changer de registre, il publie de temps en temps un roman ou des nouvelles, des livres pour la jeunesse. Et puis il lui arrive d’avoir un deuxième clavier, alors, il en profite pour parler de l’Egypte ancienne. Oh, pas grand-chose, juste une bonne trentaine d’ouvrage. L’ésotérisme ne le laisse pas indifférent, alors il lui consacre une dizaine d’essai. Généralement seul, parfois à 4 mains. Evidemment il écrit aussi pour les auteurs de BD, il ne va tout de même pas laisser ce créneau inoccupé.

Après tout ça, il a besoin de se détendre. Alors il se lance dans les enquêtes de l’Inspecteur Higgins. Et ça le détend vraiment puisqu’il en a déjà sorti près de 40! Parmi les dernières, il y a un crime niçois, qu’il situe dans le cadre d’un congrès mondial tenu à Nice sur… la criminalité. Alors, avec autant d’experts sous la main, il en rajoute. Le crime est plus que dégoûtant… Frissons et suspense sont au rendez-vous Le retraité de Scotland Yard devra, une fois encore, sortir de sa retraite. Et puis, Christian Jacq habitant les hauts de Vevey avec vue sur le lac, ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer un rebondissement sur ce lac. C’est chose faite avec une saga comme il les aime. Un vieil anglais. Une île de Peilz juste assez grande pour abriter un platane, un crâne défoncé et Jacq réussi à  mettre le feu au lac.

Nina Brissot

Pianiste virtuose à la renommée planétaire, Ignace Paderewski était une star qui aurait fait pâlir de jalousie un Presley ou même Mickael Jackson. Adulé dans le monde entier, il a amassé, grâce à son art, une fortune immense qu’il utilisera pour ses proches mais beaucoup pour son pays. Le Polonais à vécu plus de 40 ans en Suisse. Et si, dans notre pays on connaît le Musée qui lui est dédié à Morges, sa statue à Vevey, sa salle de concert au Casino de Montbenon à Lausanne, on salue surtout le musicien. En revanche, l’engagement politique de Paderewski pour sa patrie, ses luttes, sa création de la Croix Blanche polonaise restent relativement confidentiel. Il fit pourtant si bien qu’il réussit même a être proclamé premier ministre et ministre des Affaires étrangère de Pologne en 1919. Il y restera un an, le temps d’être le chef des délégations polonaises qui signent le traité de Versailles. encore liés à cet homme hors du commun sont réunis dans un livre de 300 pages, richement illustré et signé par le veveysan Antonin Scherrer, conservateur du Musée Paderewski à Morges. Une véritable fresque historique, autour d’un artiste, homme d’Etat dans une période agitée.

Nina Brissot

(Merci au Régional: www.leregional.ch )