La découverte d’un nouvel auteur est toujours un moment particulier dans la vie d’un lecteur surtout quand il s’agit d’un auteur reconnu et primé donc a priori apprécié par un large public. J’avais également eu entre les mains le petit billet de mon ami Guy, fidèle chroniqueur du blog qui m’avait donné envie de rajouter Jean-Paul Dubois et « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » dans ma pile à lire.

Comment décrire « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » ? Une histoire simple, pas d’intrigue alambiquée ni de coup de théâtre de dernière minute.

La cohabitation forcée de deux hommes, l’un plutôt « ordinaire » qui semble avoir dérapé un jour et l’autre, un voyou qui sous des airs de dur à cuire cache en fait un nombre de petites faiblesses et pour qui le monde se divise simplement en deux catégories, les motards ou les pas motards.

Deux destins qui nous sont racontés en parallèle, deux perceptions du monde, deux parcours totalement opposés mais qui pourtant ont conduit ces deux anti-héros à partager une cellule de quelques mètres carrés au bord d’une rivière dans une prison de la banlieue de Montréal.

Chacun d’eux est confronté à ses démons qu’il tente désespérément d’apprivoiser avec les moyens du bord. Chacun d’eux revendique l’injustice pour justifier la situation dans laquelle il s’est retrouvé. Les morts cohabitent avec les vivants. Jean-Paul Dubois nous livre une belle palette de sentiments, l’amour, la haine, l’amitié, la vengeance, le respect, l’injustice, l’abandon…

On a envie de tout savoir sur la « fat boy », on déteste ce co-propriétaire qui se prend pour Néron, on revit la période du cinéma des années 70, on prend son envol avec Winona et son monomoteur, on feuillette le dernier catalogue Harley-Davidson… L’auteur nous fait vibrer à chaque page à l’unisson avec ses personnages. Même si l’on peut facilement deviner le déroulement de l’histoire au fur et à mesure que l’on avance dans le récit, on en redemande à chaque page.

Pas un message en particulier mais des messages. La vie est injuste mais qu’est-ce que l’on peut y faire ? La foi va et vient chez les pasteurs mais qu’est-ce que l’on peut y faire ? Il y a des hommes nés pour devenir les souffre-douleurs d’autres hommes mais qu’est-ce que l’on peut y faire ? La vie a un prix et ce prix se calcule en dollars, mais qu’est-ce que l’on peut y faire ?

Qu’est-ce qui fait que « Tous les hommes » sort du lot ? Qu’est-ce qui définit le talent ? Pour moi, un petit air de Douglas Kennedy chez Jean-Paul Dubois. Ne pas oublier de mentionner de petites pointes d’humour disséminées aux quatre coins du livre. Je vais sans aucun doute continuer sur ma lancée et j’espère, mais j’en suis intimement déjà persuadé, ne pas être déçu par mes futures lectures.

Jean-Claude

Retour de notre psychiatre déjanté, Ichirô Irabu affublé de sa plantureuse infirmière Mayumi, de ses seringues vitaminées, et dont le cagibi qui lui fait office de « bureau » est toujours relégué dans les sous-sols de la clinique de son papa. Après les cinq nouvelles rassemblées sous le titre « Les remèdes du docteur Irabu », Hideo Okuda nous présente cinq autres histoires courtes « légèrement » tirées par les cheveux. Se suivent dans ce que l’on ose à peine appeler un cabinet de consultation médicale, un trapéziste malhabile, un yakuza allergique aux objets pointus, un psychiatre névrosé, un joueur de baseball professionnel devenu plus maladroit qu’un débutant et une romancière remettant en question ses propres œuvres. Chacun de ces personnages va avoir à faire avec notre héros qui va comme d’habitude guérir ses patients par des méthodes bien à lui.

Se comporter comme un enfant sans préjugés, sans complexes, sans arrière-pensées. Irabu semble ne pas écouter ses patients. Il s’enthousiasme pour le milieu duquel ces derniers sont issus, le monde du cirque, des bandes de voyous, du sport de compétition, de l’édition et veut sur le champ devenir trapéziste, parrain mafieux, joueur de baseball ou écrivain célèbre. Autres de ses crédos, traiter le mal par le mal, enfoncer le clou. Mais n’est-ce pas sa façon à lui de montrer à ses malades que leurs problèmes sont somme toute assez mineurs et qu’ils ont déjà tout en eux pour les résoudre.

Côté narration, le schéma est toujours le même et fini par lasser mais il faut reconnaitre que les environnements dans lesquels se déroulent chaque histoire, que ce soit les clubs de baseball, les coulisses du cirque ou les maisons d’éditions sont particulièrement bien décrits et ont sûrement dû faire l’objet d’études fouillées de la part de l’auteur au même titre que le milieu du sexe à Tokyo dans le roman « Lala pipo ».

Derrière sa loufoquerie et son côté caricatural, Irabu fait preuve d’une certaine logique. Hideo Okuda au travers de ces petits récits à peine crédible n’est-il pas en fait un fin observateur de la nature humaine et n’essaie-t-il pas tout simplement de nous donner des leçons de bon sens ?

Hideo Okuda, un auteur résolument fantaisiste ou un observateur de notre société et qui sous des airs de « saltimbanque » (à l’image de son héros) nous donne des leçons de vie sans prétention ?

Jean-Claude

« Le miroir des âmes ». La Suisse telle qu’on ne se l’imagine pas. Et le canton de Neuchâtel encore moins. Et la police du lieu n’en parlons même pas. Reconnaissons à Nicolas Feuz un certain degré d’imagination et un esprit assez tordu. Les descriptions de la ville et de ses quartiers sont d’une précision chirurgicale. Tout comme la présentation des moyens à disposition des forces de l’ordre, des procédures administratives, de la structure hiérarchique de l’appareil judiciaire et policier. On devine bien que l’auteur sait de quoi il parle et qu’il est à l’aise dans ce milieu. Maintenant comment faut-il interpréter ce récit connaissant son parcours professionnel ? La réalité est-elle réellement si proche de la fiction ? Assiste-t-on à un règlement de comptes personnel par roman interposé ?

Je veux bien admettre la présence de réseaux de traite d’êtres humains et de la mafia albanaise en Suisse, mais des conseillers d’état dégénérés à ce point, des hauts fonctionnaires et des flics faisant justice eux-mêmes, j’en passe et des meilleures, ça va très loin… Trop loin. Quant aux différents passages violents, ils sont à la limite du genre gore, Maxime Chattam a de la concurrence en vue. Même mes « amis » nordiques sont généralement moins sanguinaires et moins cruels dans leurs mises en scène.

C’est le troisième Nicolas Feuz que je lis et même si, passé l’épreuve du premier roman j’ai pour habitude de lire un auteur dans son intégralité, je ferai des pauses entre chaque histoire afin de souffler un peu.

Jean-Claude

Numéro 6. Promesse. Le sujet de fond : le milieu des sectes aujourd’hui et celui des hippies des années 70, Le volet psychologique de l’intrigue : comment la spirale de la jalousie poussée à son paroxysme peut entraîner un individu à commettre l’irréparable.

Comme d’habitude, Jussi Adler Olsen va jusqu’au bout des choses et ne nous épargne aucun détail quand il s’agit de la vie de ses personnages, de leurs origines, des circonstances passées qui expliquent leur comportement d’aujourd’hui.

Toujours le même schéma en ce qui concerne l’intrigue. Néanmoins cette fois-ci, le nombre de morts survenant durant les investigations de Carl et de ses acolytes dépasse largement le nombre de victimes à l’origine de l’enquête.

On croit tout deviner à la moitié du récit mais Jussi réussi encore à nous surprendre jusqu’à la fin de l’histoire. Les dernières scènes d’action sont toujours plus invraisemblables, Assad se profile toujours plus en héros prêt à tout pour sauver son patron au mépris de sa vie et de sa santé, Rose flirte avec la folie.

Une petite avancée dans l’affaire des pistolets à clous (est-ce pour inciter le lecteur à ne pas lâcher la série) mais verrons-nous un jour cette affaire se résoudre ? L’auteur lui-même sait il comment l’histoire se finit ?

Je me lance dans Selfies mais avec un peu moins d’enthousiasme qu’à mes débuts « au sein » du département V. La question que je me pose : faut-il lire d’une traite tous les romans d’une série afin de rester dans l’ambiance et « pénétrer » la personnalité des héros ou faut-il alterner avec d’autres types de romans - dans le même esprit ou radicalement différents - histoire de « remettre les compteurs à zéro » ? De toutes façons il ne me reste plus que deux enquêtes du département V pour être à jour avec Jussi.

Jean-Claude

Et de 5. L’effet papillon. Je commence à deviner comment Jussi Adler Olsen construit ses livres. Tout d’abord le choix du ou des sujet(s) de fond. Ici on va aborder l’aide gouvernemental aux pays en voie de développement et ses dérapages, mais surtout les problèmes d’intégration au sein de la société danoise des minorités comme les gitans. Les deux sujets vont se retrouver mêlés par un hasard de circonstances et on pourrait même ajouter que « l’utilisation » d’enfants soldats africains pour effectuer une mission à Copenhague dans le déroulement du scenario est un peu « le marteau pour enfoncer le clou », histoire de mélanger encore davantage les deux sujets de l’intrigue.

Cela dit, nos enquêteurs du département V ne vont se pencher sur l’affaire principale seulement à partir de la page 238, page qui pour certains auteurs est presque synonyme de fin. Je dois dire que l’enquête sur laquelle travaille principalement Rose pendant toute la première partie du récit n’a à mon sens aucun lien avec le reste du livre. Bref, on a droit à deux histoires pour le prix d’une (je me demande si je ne vais pas comptabiliser l’effet papillon comme deux romans dans mes statistiques).

On assiste à quelques tranches de vie qui se déroulent à l’hôtel de police donnant un côté toujours plus réaliste au récit, mais par contre la vie privée de Carl ainsi que la sombre affaire qui s’est déroulée en préambule du premier tome ne progresse pas vraiment dans ce cinquième volume.

Heureusement Assad et Rose restent fidèles à eux-mêmes. Carl continue à affirmer son manque de caractère, départ à la retraite pour Marcus Jacobsen remplacé par Lars Bjorn, ennemi juré de Carl, entrée en scène de Gordon Taylor comme nouvel élément de l’équipe.

Je vais faire une petite pause avant de me lancer dans Promesse.

Jean-Claude