critiques de livres - Le blog du club de lecture de suisse romande

7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 10:03

Les pages de notre amour, Nicholas Sparks

Une histoire simple. Très simple. Une histoire d’amour. Celui avec un grand A. Pas vraiment de suspens, pas vraiment d’action ni de rebondissements. Nicholas Sparks, aujourd’hui âgé de 43 ans a publié ce premier roman en 1996. Ce fut un best-seller qui resta une année au top des ventes aux Etats-Unis. Inspiré de la vie des grands parents de sa femme.

Le cadre : le sud des Etats-Unis, la nature encore sauvage, des balades en canoë sous la pluie, des levers et des couchers de soleil, un feux de cheminée pour se réchauffer après avoir subit un orage déchainé; l’époque : l’histoire prend son origine au début des années trente, se poursuit après-guerre et se finit de nos jours; et puis, beaucoup d’amour, beaucoup de tendresse, un tout petit peu de sexe, la perte d’un enfant (à peine évoqué en une phrase), une famille idéale, une vie exemplaire, la maladie d’Alzheimer… Des personnages parfaits, sûres de leurs sentiments ; même ceux dont on s’attend à ce qu’ils jouent un mauvais rôle dans l’histoire ont un comportement irréprochable.

Aucune scène de dispute, aucune scène de violence. On sait d’avance quel va être le choix des héros et comment l’histoire va finir mais on se laisse quand même prendre au piège pour peu qu’on soit un tantinet sentimental.

A peine 200 pages. La construction de l’ouvrage est simple, sans fioriture, le vocabulaire est sobre et l’on rencontre au détour des pages quelques citations de poètes américains romantiques du XIXème siècle pour parfaire l’ambiance. Le site internet de l’auteur http://www.nicholassparks.com/index.php propose d’ailleurs une série de bons conseils pour écrire un roman. La recette doit effectivement fonctionner car depuis « Les pages de notre amour » Nicholas Sparks a publié une bonne douzaine de livres.

Porté à l’écran en 2004 par Nick Cassavetes.

Jean-Claude

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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 15:27

Chagrin d'école, Daniel Pennac

Ma première prise de contact avec Daniel Pennac. Un peu le fruit du hasard comme souvent pour les premiers livres. Il ne s’agit pas ici d’un des célèbres romans mettant en scène les membres de la famille « Malaussène » qui ont fait une partie de la renommée de l’auteur mais d’une réflexion sur l’école et son rôle au sein de la société d’hier et d’aujourd’hui.

Daniel Pennac utilise sa double expérience d’écolier et d’enseignant pour nous dresser un tableau du monde de l’éducation et nous faire part de ses convictions. Il ne s’agit ni d’une autobiographie classique ni d’une étude systématique. Aucun suivi chronologique, pas une suite d’anecdotes mais des idées surgissant autour d’un mot, d’un thème, d’une réflexion. Quel est le sens du « y » dans la phrase « Je n’y arriverai jamais », quel intérêt y-a-t-il à faire faire des dictées, comment motiver des élèves à participer à des concours de mémorisation de textes? On assiste à des échanges parfois surréalistes mais toujours plus vrais que nature entre adolescents révoltés et professeurs jamais en panne d’imagination.

Aucun cas n’est désespéré ; ou presque ; l’auteur en veut pour preuve son propre cas, cancre parmi les cancres, renvoyé d’une école à une autre, sans aucune autre excuse qu’une soi-disant paresse intellectuelle congénitale car bénéficiant d’un cadre plus que favorable, père polytechnicien, famille unie, aimante, cultivée… Ce cancre sera sauvé de son triste destin par trois professeurs qui vont changer sa manière d’appréhender sa scolarité et qui vont réussir à transformer l’adolescent irrémédiablement condamné à l’échec en un professeur de français émérite doublé d’un écrivain confirmé.

Ce livre est un véritable hommage à une certaine « classe » de professeurs ainsi qu’à une certaine forme de solidarité existant entre les générations. Comment aborder le cancre en tant qu’individu, comment lui ôter ce complexe d’échec permanent, comment lui faire utiliser les ressources qui sont cachées au fond de lui ? Dans le dernier chapitre, qui se veut en quelque sorte la conclusion de l’ouvrage, Daniel Pennac nous explique que derrière la plupart des échecs scolaires se cachent tout simplement un manque de confiance en soi souvent dû à un manque d’amour, que ce soit l’amour des parents pour leur « progéniture », l’amour des professeurs pour leurs classes ou tout simplement l’amour avec un grand A, celui que l’on peut découvrir à tout âge et qui reste le seul moteur capable de faire avancer l’être humain.

Grâce à son écriture légère, à des chapitres courts et à un vocabulaire qui fait habilement le pont entre les expressions des années cinquante et le langage des banlieues d’aujourd’hui, « Chagrin d’école » se lit aussi facilement que n’importe quel roman. Grâce à son côté résolument optimiste, on tourne la dernière page avec un sentiment de confiance renouvelé dans l’humanité et dans les générations à venir.

Jean-Claude

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28 février 2008 4 28 /02 /février /2008 15:14

Léviathan, Paul Auster

New-York, 1990. Un homme a été tué en rase campagne dans l’état du Wisconsin alors qu’il était en train d’assembler une bombe. Qui était cet homme, quel était son secret, comment en est-il arrivé là ? C’est son ami le plus proche, celui avec lequel il a partagé ses pensées intimes pendant plus de quinze ans qui va nous livrer les clés de l’énigme au travers du récit de sa propre vie et de sa rencontre avec celui qui va devenir au terme de son parcours, « Le fantôme de la Liberté ».

On peut aborder ce livre sous plusieurs angles mais on y retrouve la plupart des thèmes chers à Paul Auster. Tout d’abord les héros sont des écrivains et l’écriture est un élément clé du scénario. Ensuite, il s’agit tout à la fois d’un essai sur les relations humaines, sur le destin et sur la société. Le ressenti intime des deux « acteurs » principaux et l’analyse de leur environnement affectif sont minutieusement décrits et servent de fil conducteur au déroulement de l’histoire. Un carnet d’adresses trouvé dans la rue, une chute malencontreuse depuis un balcon, le choix d’un raccourci dans la forêt nous font réfléchir sur les conséquences du hasard - ou est-ce justement la destinée ? Enfin Paul Auster nous livre une certaine critique de la société américaine de la fin du XXème siècle et de ses valeurs au travers les idées et les prises de positions de ses héros. Le titre même de son livre rend probablement hommage à l’ouvrage du même nom rédigé par Thomas Hobbes sur le concept du contrat social fondant les bases de la société civile.

Ce roman est de loin plus léger que « Anna Blume » fable d’anticipation qui traite également de la société et de ses dérives mais sous un jour très sombre et l’on sent déjà une certaine parenté avec le futur « Brooklyn Follies » (qui sortira 7 ans plus tard) dans la manière d’aborder les personnages. Mais autant « Léviathan » est finalement assez pessimiste, autant « Brooklyn Follies » est à mon sens résolument optimiste. Un reproche peut-être, certaines digressions sur la vie des personnages générant quelques longueurs.

Encore 5 ouvrages à découvrir. Plus que 5 ouvrages à découvrir.

Jean-Claude

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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 12:05

Brooklyn Follies, Paul Auster

Brooklyn, Etat de New-York, an 2000. Des destins, des rencontres, des personnages qui se croisent, une certaine philosophie de l’existence, des interrogations et des réflexions profondes mais aussi la vie de tous les jours et ses petits bobos… on assiste avec Brooklyn Follies à une nouvelle plongée dans l’univers de Paul Auster.

La peur de la maladie, de la mort, le renoncement, la vie, l’espoir, le destin ordinaire de gens ordinaires, le destin peu ordinaire de gens peu ordinaires, l’amitié, l’amour, la famille… tout se croise et se recroise au fil des pages et de l’entrée en scène des personnages qui sont tous aussi attachant les uns que les autres. Pas aussi « décalé » que la trilogie New-yorkaise et pas aussi noir que le voyage d’Anna Blume, ce roman qui se veut résolument optimiste s’inscrit à mon point de vue dans le même style que « Le livre des illusions » et que probablement d’autres ouvrages de Paul Auster que je n’ai pas encore abordés.

Comment un détail sans importance comme le choix d’un itinéraire sur une carte va-t-il chambouler toute une série d’évènements, qu’est-ce exactement qu’une JMS (Jeune Mère Sublime), où peut-on trouver « l’hôtel Existence » dans lequel tout individu cherche un jour à s’évader, peut-on organiser le bonheur des autres à leur insu, comment sauver de l’anonymat les anonymes, voilà quelques uns des nombreux thèmes abordés au fil de l’histoire qui se déroule sous nos yeux et sur lesquels l’auteur donne son avis tout en laissant le lecteur libre d’adhérer ou non à ses opinions.

Vivement la prochaine plongée.

Jean-Claude

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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 09:27

Racontars arctiques (7 vol.), Jorn Riel

Jorn Riel, Les racontars arctiques, 7 volumes publiés aux éditions 10-18

Nous voilà transporté dans les étendues glacées du Groenland où vivent en harmonie une vingtaine de chasseurs buveurs, poètes et philosophes pour qui le temps se mesure en saisons et la richesse en amitié et en bouteilles d’eau de vie.

Comment résister à l’envie d’aller passer quelques mois sur la côte Nord-est du Groenland en compagnie de William le Noir, de l’avocat Volmersen, du lieutenant Hansen et de leurs compagnons après avoir lu ces dizaines de petites aventures, hilarantes pour la plupart, dramatiques pour certaines, mais faisant toujours la part belle à la nature et à l’amitié ? On sent que l’auteur maîtrise parfaitement son sujet, que ce soit pour décrire le cadre naturelle où se déroulent ses histoires ou les sentiments pour le moins particuliers qui agitent constamment ses héros. Jorn Riel plonge ses personnages dans des situations souvent loufoques, touchant parfois le surnaturel, et réussi à nous faire admettre que tout, absolument tout devient possible à condition de raisonner comme un chasseur de phoques vivant sur la banquise au nord du soixante-dixième parallèle.

Tous les personnages dont on fait la connaissance au fil des récits ont leur caractère bien à eux, et l’on découvre également petit à petit les raisons qui ont poussé certains d’entre eux à venir s’établir dans une région où tout semble hostile à l’homme et où les journées et les nuits peuvent durer chacune plusieurs mois.

Les femmes sont assez peu présentes dans l’univers des chasseurs de la côte Nord-est du Groenland mais leurs apparitions sont toujours le théâtre d’évènements qui sortent de l’ordinaire. Il suffit pour s’en convaincre de constater comment Emma, la petite fiancée imaginaire directement issue de l’imagination fertile de Mads Madsen va prendre vie au sein de la communauté des chasseurs, passer de l’un à l’autre et provoquer des bagarres sans précédent, comment Naja « la mouette » va revenir tout droit du passé pour vivre son amour avec Lasselille, comment Ma Kin la danseuse de temple birmane, tombée du ciel avec son avion va ravir le cœur de Halvor, et comment Lady Herta, véritable aristocrate anglaise à l’odeur de chou va finalement ramener dans son Angleterre natale une paire de cornes de bœuf musqué conquise de haute lutte lors d’un safari arctique.

Même la mort dans ces contrées perd son côté tragique. Les cadavres traversent l’Atlantique à bord de tonneaux de sel, les fantômes viennent gentiment tenir compagnie à leur bourreau, les cercueils servent à cuver les lendemains de beuverie et les squelettes décident de prendre des vacances en prenant des bains de soleil sur la banquise.

On retrouve dans ces petites nouvelles l’esprit particulier et légèrement déjanté propre à l’univers de Paasilinna (Le lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis, La cavale du géomètre…), mais dépourvu du cynisme et de la mélancolie qui servent souvent de mobile aux actes des héros finlandais. Les personnages de Jorn Riel sont éminemment sympathiques et rappellent plutôt par leurs comportements et leur philosophie de la vie « Les copains d’abord » de Georges Brassens.

L’ensemble de ces racontars, dénommés ainsi par son auteur, forme une superbe leçon sur la vie et sur la solidarité humaine, tout en critiquant indirectement les absurdités de la civilisation du monde soi-disant normal. Hautement recommandé en période de canicule.

Jean-Claude

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 12:18

Les Nains de jardin, J.-E. Bovard

Le canton de Vaud. Un petit coin de Suisse où l’on parle français et « où y’en a point comme nous ». Jacques-Etienne Bovard nous conte sept nouvelles qui mettent en scène des habitants de sa région comme on en croise tous les jours avec leurs petites habitudes, leurs petites manies, leurs petits travers. On y rencontre des Gaulaz, des Corminboeuf, des Bovet, des Crausaz , des Picoulet… Au fil des pages on mange de la fondue, on bichonne des nains de jardin, on suit à un cours à la « protection civile »…

Mais derrière ces tranches de vie plus vraies que nature où l’on sent poindre le vécu de l’auteur ne se cache-t-il pas en fait une observation sans compromission de la nature humaine? Chacune de ces petites histoires avec ses personnages bien typés pourrait être transposée dans un cadre tout à fait différent et garder tout son sens. La « Fondue crée la bonne humeur » n’est-elle pas une fable sur la colère ? Et la « La pinte de bon sang » sur l’envie ? Quand au « Nombril et la Loupe » ne serait-ce pas un conte sur l’orgueil ? On peut se demander si Jacques-Etienne Bovard n’a pas habilement utilisé les sept péchés capitaux comme fil conducteur pour son recueil.

Il reste que cet ouvrage reste agréable à lire surtout quand on a soi-même eu la chance de côtoyer tous ces « héros » dans leur « environnement d’origine ». On a également plaisir à saisir les piques de l’auteur sur l’éternel problème de l’intégration des étrangers, les rivalités ancestrales entre Suisses allemands et Suisses romands, le vieux complexe du monde de la culture provincial par rapport à l’intelligencia parisienne…

Le style est léger, le dernier récit se distingue des précédents par sa forme originale. On peut regretter que toutes les chutes ne soient pas aussi bonnes les unes que les autres. Un auteur dont je me réjouis de découvrir les autres parutions.

Jean-Claude

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 14:16

Balzac et la petite tailleuse chinoise, fin.

On avait parlé aussi d’un livre ayant fait l’objet d’un film...*

J’ai choisi/ Balzac et la petite tailleuse chinoise/ de Dai Sijie, tourné et adapté par… Dai Sijie soi même, et une remarque me vient tout de suite à l’esprit. Ce livre est étudié en classe. Est-ce que, comme /Papillon/, c’est un livre témoignage, à étudier en cours d’Histoire ? Non, en cours de Français – Balzac… –, comme initiation à la lecture.

Est-ce que l’auteur est écrivain ? Et non ! Il semble d’ailleurs VRP multicartes, puisqu’il est aussi cinéaste. Et c’est bien là le problème, à mon sens. Comme nous avions de la soupe littéraire – du « à la manière de », le vécu primant sur la façon de raconter ce vécu (tout le monde n’est pas André Malraux), nous avons toutes les chances d’avoir là un film consensuel, sans vrai parti pris narratif, sans audaces ni tentatives cinématographique d’aucune sorte. Et ce ne sera ni du Godard, ni du Hitchcock, ni du Scorsese, mais du feuilleton télévisé sur grand écran. Et malheureusement, c’est un tel brouet que l’on servira aux lycéens qui connaîtront demain Balzac… de nom.

Une bonne nouvelle, Balzac n’est pas une avenue, mais un auteur dont les livres permettent de séduire les jeunes filles en Chine !

(Pour revenir au début: Balzac et la petite tailleuse chinoise, le livre)

Laurent

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 13:41

Balzac et la petite tailleuse chinoise, suite...

Deux critiques d'un même livre (suite)

Balzac et la petite tailleuse chinoise/ de Dai Sijie

* * *

*Sauf qu’en fait… j’ai détesté ce livre*

(suite de *J'ai adoré ce livre...* )

Nous sommes face à lui comme face à un hamburger : il semble bien que ce soit de la nourriture, et pourtant... L’ensemble manque pour le moins, sinon de piquant, d’authentique saveur. Sur le papier il y a pourtant tout ce qu’il faut – comme dans un hamburger : de la salade, de la viande, du fromage, des légumes – le cornichon, surtout – et même des fruits – la sauce tomate.

Sauf que deux heures plus tard, on sera sur sa faim !

Réfléchissons.

Le livre met en forme des souvenirs personnels – de l’autofiction, encore ! – écrits comme on peindrait un dimanche, dans un style sans surprise. Balzac transposé en Chine, c’est très joli, très bien, mais il faut nous dire en quoi, et comment la petite Tailleuse pourra être jamais sensible aux mots du XIXe siècle français ?

Dans le cas contraire, on prend le risque de rester superficiel, et à la place des mots Balzac, Gogol, Melville, Romain Rolland, nous aurions pu tout aussi bien trouver Rilke, Dante ou Cervantès.

Hélas, tout au long du roman, ces prestigieux noms d’auteurs ne seront là qu’en faire valoir d’une intrigue amoureuse assez plate, qui ressemble à un conte pour enfant : /Les princes en exil et la petite paysanne/.

Le lecteur s’est fait avoir. Nous espérions lire comment le génie balzacien à l’épreuve du temps, pouvait également s’étendre dans l’espace, comment une civilisation plusieurs fois millénaire pouvait intégrer cet auteur – peut-être même, savoir enfin pourquoi il y a tant d’Asiatiques dans les ensembles symphoniques – et nous n’en saurons rien. Nous apprendrons de quelle manière la jeune fille sera sensible au charme des deux jeunes hommes conteurs, qu’ils lui récitent des pages entières de Balzac, mais quelles pages et pourquoi celles-là, pourquoi Balzac, nous n’en aurons aucune idée !

Bref, un produit marketing, un Harry Potter à la sauce intello, mais une sauce en boîte.

* * *

On le voit, deux avis aux antipodes sur un même livre, aussi recevables l’un que l’autre, et si un lecteur n’en lit qu’un seul, il risque de passer à côté d’une rencontre.

Revenons à la théorie du tas de sable. On ne pourrait jamais changer de place l’intégralité d’un tas de sable, car il restera toujours une moitié, d’une moitié, d’une moitié, jusqu’au dernier grain de sable… qui lui-même, si l’on passe dans l’infiniment petit, est constitué de milliers d’éléments… Et pareil, nos idées sur un livre seraient à nuancer de mille et une manières pour tendre à l’objectivité, et ainsi donner une chance à ce titre, lesquelles idées seront encore à diviser en deux groupes, encore à diviser en deux groupes… dans ces cas là, comment passer à l’acte ?

Question ouverte.

et pour finir, le film: Balzac et la petite tailleuse chinoise

Laurent

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 13:31

Balzac et la petite tailleuse chinoise Dai Sijie

Deux critiques d’un même livre :

Balzac et la petite tailleuse chinoise/ de Dai Sijie.

* * *

*J’ai adoré ce livre…*

En 1968 la Chine de Mao préconise avec des arguments musclés la lecture exclusive du Petit livre rouge, et toute littérature occidentale, ou même les classiques chinois (/Rêve dans le Pavillon rouge/, la poésie Ming, etc.) sont proscrits. Joignant militairement le geste à la parole, tout décadent – deux lycéens, par exemple – est envoyé en rééducation à la campagne, les saines valeurs des paysans devant avoir vite raisons de leurs mœurs perverties, car trop éloignées de l’esprit communiste en vigueur./

/Deux jeunes garçons, Luo et le narrateur se retrouvent donc perdus dans un petit village de montagne. L’un apporte son violon et émerveille les paysans, autorisé par le chef du village à se servir de son instrument, à condition de jouer des morceaux du genre « Mozart pense au Président Mao » !/

/Tout va bien pour nos deux jeunes gens, qui s’ennuient à mourir, jusqu’à ce qu’ils fassent la connaissance d’une magnifique jeune fille. Ils se mettent immédiatement à l’aimer tous les deux, c’est la fille du tailleur local. /

/Mais peut-on aimer une idiote ?/

/Nos deux citadins immigrés vont fort heureusement découvrir une valise remplie de livres décadents, et en lisant à cette Petite tailleuse chinoise des passages d’/Ursule Mirouët/, ils vont faire son éducation. /

A partir de là le livre devient merveilleux, dans un paysage d’estampe printanière, les mots de Balzac mêlés aux émois érotiques d’adolescents guidés par des sentiments authentiques et forts, c’est tout à la fois
exotique et proche de nous. Balzac comme un rempart à la bêtise politique ambiante, 1001 péripéties pour se procurer cette « drogue » interdite, les livres, que l’on trouve pourtant en pagaille dans les bibliothèques désertes de nos lycées occidentaux… tout cela est succulent.

Et puis surtout, l’auteur était sûr de plaire aux libraires et aux profs, deux métiers qui vont lui assurer des ventes record…

(La suite: *Sauf qu’en fait… j’ai détesté ce livre*)

Laurent

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 11:42

Dame pipi, Jean Figerou

Jean Figerou: Dame pipi

Comment une dame pipi dans un square parisien occupe-t-elle ses journées et ses pensées ?

Noire, obèse et mythomane, accro au café et aux horaires aménagés, haïssant sa sous-sous-sous chef et adorant le pisseur no1.

Chez elle, inutile de le dire, c’est dégueulasse, elle nous explique qu’elle brique toute la journée alors elle s’en fout de la propreté, sauf que les clochards elle ne les laisse pas entrer : trop de travail après !

Une langue d’une richesse quasi vernaculaire, ça sent le Sud, le métissage et l’âme créole.

C’est plein d’exclamations, d’interjections, de jurons, de revendications, en un mot lyrique.

Un récit qui se déverse comme une chasse d’eau et s’achève en cascade.

Les dames pipi tendent à disparaître au 2^ème millénaire (tout y sera automatisé), que ce soit dans les squares ou dans les aéroports, que vont-elles devenir ?

Cet auteur décidemment très réaliste soigne ses descriptions, on retrouve le même style dans « Cimes en abîmes », en particulier à la « Lune d’Espiau »

Patricia

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