Mais que fait donc cette chaussure sur le toit d’un immeuble de la banlieue parisienne en bordure de la voie ferrée ?

Exercices de style, essai philosophique, toujours est-il que l’auteur qui parle à la première personne, « je », nous offre une fresque pittoresque de la vie des locataires de cet immeuble sans prétention.

On rit beaucoup, on retrouve des scènes typiquement parisiennes à la Frédéric Beigbeder (99 francs) ou à la Muriel Barbery (L’élégance de Hérisson). C’est désormais la mode de s’intéresser de près et parfois même de trop près à la vie de ses voisins…

Une écriture lisse, élégante mais sans fioritures, beaucoup de clins d’œil littéraires, artistiques et philosophiques. Un titre qui accroche et l’on n’est pas déçu !

Patricia Astrid Imhof Derivaz

L'auteur fait partie de ces écrivains du groupe 47 comme Günter Grass et Heinrich Böll  qui ont tenté d'exorciser dans leurs livres les démons du totalitarisme allemand.

Paru en 1968 , 'La leçon d'allemand' semble vivre une nouvelle jeunesse. Peur de la (re)montée de l'extrême-droite ?

La guerre est seulement présente en toile de fond dans cet épais roman expressionniste.
Le jeune Siggi est puni pour ne pas avoir rédigé une rédaction sur 'Les joies du devoir'. Cela se passe peu de temps après la dernière guerre. Siggi séjourne dans un centre de redressement au bord de l' Elbe. On apprendra qu'il a dérobé un tableau de Max Nansen.

Sa rédaction, qu'il finira par peaufiner, ce sera l'histoire de son enfance. Fils d'un policier , dans le nord de l'Allemagne, garçon débrouillard et intelligent, il sera forcé de dénoncer un peintre à qui le régime a interdit de continuer ses activités artistiques, Max Nansen, un ami de son père. Le père de Siggi, un homme (trop) intègre, fera tout pour que le peintre renonce à son esprit de résistance.

De nombreux thèmes sont abordés: l'obéissance, l'amour-haine filial, la place de l'art dans la société, la transgression, et pour les psys, la loi du père  ;-)

Je n'ai pas été totalement convaincu par le style assez lourd et par les nombreuses fautes grammaticales.

Traduction ??

Amitiés désobéissantes,

Guy.

Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations.

Un double exploit de Luc Ferry: raconter l'histoire de la philosophie et donner au lecteur l'impression d'être intelligent. Dans un style vivant (l'auteur tutoie le lecteur), il nous initie d'abord aux grands anciens: il nous met d'emblée en garde.

Philosophie et religion sont présentées comme deux façons opposées d'approcher la question du salut. Les deux grands maux, le poids du passé et les mirages du futur, sont évoqués dès le début du livre pour aboutir aux idées de son ami Comte-Sponville qui conclut "espérer un peu moins, aimer un peu plus".

L'arrivée du christianisme marquera une rupture radicale en remplaçant l'ordre cosmique par une personne (le Christ) et - surtout - par l'invention de la foi qui prend la place de la raison. Dès lors la philosophie devient la servante de la religion. Il lui faudra de nombreux siècles pour s'en remettre.

L'humanisme fait son apparition suite aux découvertes scientifiques (Newton, Galilée, Descartes). Jean-Jacques Rousseau définit l'homme comme un animal dénaturé. Et ensuite on voit débarquer Nietzsche. Et Marx. Et Freud. Aux oubliettes les religions. Pour aboutir à la philosophie contemporaine : Heidegger et un nouvel humanisme après la déconstruction entamée par Nietzsche.

Un large tour d'horizon par un non croyant. Avec tout le respect voulu pour ceux qui ne partagent pas ses idées.

Luc Ferry fut ministre de l'Éducation nationale.

Je le préfère philosophe. Amitiés cosmiques,

Guy.

ENTRE LES MURS : LE FILM ET LE LIVRE…

Le livre de François Bégaudeau :

Il se lit comme un manuel écrit à l’intention des professeurs de gymnase.

Enseigner à des classes dans la banlieue, cela requiert non seulement beaucoup de tact, mais encore un sens inné de la discipline. Il faut apprendre aux élèves à réfléchir, à se servir de leur intelligence, quelle que soit leur origine sociale et leur milieu, quitte à les charrier abondamment. Le livre est truffé de dialogues entre le prof et les élèves d’une part et au sein du corps enseignant d’autre part. Il s’agit de s’accrocher ! Beaucoup de descriptions par le menu détail et surtout de très nombreux cas de discipline dans un régime scolaire qui reste autoritaire : il faut lever la main pour s’exprimer, dire s’il-vous-plaît et merci pour apprendre à respecter son professeur. Si les élèves se comportent mal les uns envers les autres, ils seront également sanctionnés. Bien entendu, quelques scènes pour le moins amusantes vont être reprises dans le film…

Le film de Laurent Cantet :

Le film retrace les périples de François Bégaudeau, ex-professeur de français devenu acteur malgré lui, avec ses élèves. Comme dans la République de Platon dont il sera question, l’enseignement se veut avant tout démocratique.

Le travail de l’enseignant apparaît comme une oeuvre de dégrossissage puis d’affinage à l’image de l’enseignement de Socrate, qui fait accoucher les âmes…

Ainsi, chaque élève a droit au savoir.

Le contraste entre le langage académique et le langage de la rue apparaît comme évident, dès le départ. Mais les dérapages ne sont pas exclus. A un moment donné, le prof s’emporte et qualifie l’attitude de deux de ses élèves « d’attitude de pétasse ». Le mot « pétasse » peut être interprété différemment : d’une part « idiote » d’autre part « salope »… La discussion sur le langage s’approfondit et François Bégaudeau devient alors très touchant.

Finalement, le courant passe entre élèves et prof grâce à l’humour.

Au lieu de s’envenimer, la situation s’apaise.

Cependant, les conseils disciplinaires dépassent la situation à proprement parler en classe.

C’est la machine bureaucratique qui broie. Un élève risque d’être renvoyé dans son pays d’origine, pays d’Afrique en guerre. La menace est réelle.

Le film, plus homogène, passe cependant sur certains détails plutôt choquants évoqués dans le livre. Les personnages sont bien choisis : le principal est un brave type, le prof d’histoire-géo un prétentieux et le prof de français reste un habile manieur de la langue de Molière.

Aussi bien le livre que le film primé à Cannes (Palme d’or) et surmédiatisé, font allusion aux problèmes actuels de l’éducation. Faut-il modifier les programmes trop exigeants ? Faut-il soulager les professeurs sous pression avant qu’ils ne se mettent en grève ? Que faire avec les parents d’élèves, comment les impliquer de façon constructive ?

Le métier de prof, une vocation, dit-on. C’est presque un sacerdoce et dans tous les cas, un travail méritoire.

Le film, sorti depuis longtemps sur les écrans en France, en Belgique et en Suisse romande, va enfin sauter la barrière de rösti et débarquer à Zurich fin janvier : l’occasion rêvée, pour les enseignants et leurs élèves, de se confronter au système d’éducation à la française et à la réalité des banlieues, qui en effet dépasse les frontières.

Patricia Imhof, appartenant à une famille d’enseignants romands depuis trois générations…

Deuxième volet du Quatuor d' Alexandrie. Les mêmes événements que dans le premier (Justine) mais complétés par la version de Balthazar, un médecin, gourou à ses heures qui complète la première version de l'histoire d'amour entre Mountolive et Justine.

Durrell appelle ce 2ème tome le sosie du premier.

Un superbe travail littéraire, supérieur au premier qui valait déjà un 5/5.

La sensualité d' Alexandrie est à nouveau mise en valeur par une écriture magnifique.

Et la traduction dépasse celle du premier volume.

Amitiés égyptiennes,

Guy.