Auteur un peu oublié de nos jours, Antoine Blondin a fait partie des Hussards avec Roger Nimier et Maurice Druon.
 
Une écriture très élaborée pour un sujet plutôt léger. Un jeune prof d'histoire prénommé Sébastien se retrouve enfermé dans un collège vieillot et un mariage de convention. Il cherche à s'échapper en réécrivant l'histoire. Et en retrouvant une princesse de sang qu'il connut pendant la guerre quand il était palefrenier dans le gigantesque domaine autrichien de la noble gretchen.

Une écriture d'une subtilité réjouissante, des images et des couleurs de style uniques :

(Parlant du beau-père astronome) : ...Celui-ci est accueilli à télescopes ouverts dans tous les observatoires du monde".

"Les élèves arrivent par le côté tumulte , les professeurs par le côté silence."

Quand Sébastien décide à réécrire l' Histoire, il s'en ouvre à sa femme au restaurant :
"-Au fait , dis-je en me penchant, tu sais que je n'ai pas signé le traité de Westphalie...
J'étais un peu ému de mettre quelqu'un dans cette confidence magistrale. Je craignais qu'elle ne l'accueillît mal et se récriât d'horreur.
-Alors  qu'est-ce que tu as fait tout cet après-midi ? demanda-t-elle simplement.
-J'ai fait ma classe.
-Eh bien! tu le signeras la prochaine fois.
-Tu ne te rends pas compte des conséquences incalculables que cela peut présenter.
-Taratata... fit-elle en haussant les épaules.
A ce moment , le garçon se coula vers nous la mine défaite. Il nous rapportait la carte des vins, et nous jeta à voix basse :  "Il n'y a plus d' Alsace !"
Je me tournai vers Sophie :
-Tu vois , dis-je , ça commence."

Et le sommet :

Après les conquêtes (imaginaires) de Louis XIV :
"Le royaume s'étendait de Gibraltar aux Karpathes. Le roi distribuait des électorats et des grand-duchés comme des Légions d'Honneur, les Kirghizes lisaient Fénelon en sanglotant."

Ici l'érudition se marie avec l'humour et l'imagination.

Amitiés uchroniques,

Guy.

Sous-titré : La vie sexuelle des femmes normales.

Un petit traité bourré d'humour. Messieurs, prenez-en de la graine.
En ces temps de libération sexuelle (?) il est sidérant de constater l'ignorance et les tabous à propos de sexualité. Si les hommes en général savent où se trouve leur zigounette, il se trouve encore des malheureuses ignorant le mode d'emploi du clitoris. Et une proportion importante de mâles en ignorant la localisation.
Souvenirs , souvenirs...

Dans mon cabinet de consultation j'avais un miroir qui me servait, non pas pour m'admirer le portrait, mais pour pratiquer avec certaines jeunes dames une visite guidée de leur anatomie si possible en compagnie du partenaire. Et cela sans l'obliger à se contorsionner comme une trapéziste.
Il y a de nombreuses années , une jeune mariée m'a demandé ce qu'était exactement un orgasme...
Dans ce livre - petit reproche - un peu Meccano, on apprend tout ou presque tout sur le sexe.
Y compris sur le plaisir masculin.

Extrait  à propos d'orgasme masculin :
"...On voit des hommes hurler à la mort là où d'autres pincent à peine les lèvres... Un homme qui jouit, ça peut vraiment ressembler à tout ce qu'on peut imaginer: Ariane qui vrombit, un train qui entre en gare, un chiot qui gémit, la bombe atomique, un cheval qui éternue, un gloussement de poule, une porte qui grince, un rire gras, un claquement de cigogne, un râle de malade, un hoquet de pape, un âne qui brait, un grondement de volcan, un spasme de souris, un cri de flamenco, un froncement de lapin, un délire de martyr, un vol de bourdon, un bruit de tonnerre..."

A lire ceci , on se dit que certaines chambres à coucher doivent ressembler à une ménagerie.
"...l'inconfort de ne pas être informé du plaisir de l'autre, drame auquel nos hommes sont si souvent confrontés.

Pour l'un comme pour l'autre, quand vous jouissez, faites-le savoir nom de Dieu. Hurlez , tremblez, couinez, bondissez, hennissez, agrippez le lustre ou sautez par la fenêtre mais qu'on sache qu'il s'est passé quelque chose mille milliards et tout le monde s'en portera mieux !"

Et l'amour dans tout cela ? Une magnifique, une superbe cerise sur le gâteau.

Amitiés bricoleuses,

Guy.

La couverture du livre représente une jeune femme en nuisette. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Elle tient en mains ce que je prenais pour un chou. Mais non c'est un artichaut  comme dans la chanson.

« En attendant le soleil ». L’histoire débute sur le tournage d’un épisode de la guerre sino-japonaise. Le réalisateur, Hajime Inoue, l’un des derniers monstres sacrés du cinéma nippon, attend chaque jour la venue d’un soleil et d’un ciel lui permettant de faire le lien entre son film et son passé. Shiro, le « salisseur » de l’équipe de décoration pense à son frère Jiro plongé dans le coma depuis qu’il a reçu une balle dans la tête. Tomoko, la jeune et jolie scripte, cache ses secrets derrière une attitude distante avec ses semblables. Fujisawa, le yakusa métis au grand cœur, est à la recherche d’un cartable au pouvoir soi-disant apocalyptique. Son père, aviateur américain prisonnier à Hiroshima en 1945, nous conte les derniers jours de sa vie au travers d’un carnet de notes ayant miraculeusement traversé les décennies.

Les personnages se croisent, les époques se superposent, les lieux se confondent. On navigue entre délire surréaliste, intrigue policière, fresque historique, conte philosophique, roman sentimental. A chaque nouveau chapitre tout se mélange encore et toujours jusqu’à la conclusion dans laquelle l’auteur referme presque toutes les portes qu’il a lui-même ouvert.

On retrouve les thèmes chers à Hitonari Tsuji. Le frère à la recherche de son ainé - « L’arbre du voyageur ». La culpabilité du soldat – « Le bouddha blanc ». Le traumatisme de la bombe d’Hiroshima. La société japonaise et ses dérives. La drogue. La solitude. L’amour. Le pardon.

Déjà mon 7^ème Hitonari Tsuji. Et je continue à apprécier son style d’écriture, sa façon particulière de raconter les histoires, ses personnages enfermés dans leur monde… « Pianissimo Pianissimo » est le prochain – et dernier ? – sur la liste. Je devrais alors me tourner vers un autre auteur comme Murakami pour voir jusqu’où va mon attachement à la littérature japonaise moderne.

Jean-Claude

Voir aussi la critique de Raphaël

Quand on décide de lire un « Coben », on sait à quoi on s’attend et on en a généralement pour son argent (en tous cas en version poche). Les livres de Harlan Coben peuvent se répartir en deux séries: les aventures mettant en scène - l’agent sportif – avocat  - ex agent du FBI -  redresseur de torts au cœur tendre - Myron Bolitar et son entourage, et les autres romans comme « Dans les bois » et le désormais célèbre « Ne le dis à Personne » porté à l’écran par le non moins célèbre Guillaume Canet.

Mais la trame des histoires et la nature des personnages restent toujours les mêmes, Myron Bolitar ou pas Myron Bolitar. La plupart du temps le héros, qu’il joue le rôle de victime, de détective ou des deux à la fois, se retrouve rapidement dans la peau du suspect, ce qui l’empêche de pouvoir compter sur les autorités pour l’aider à s’en sortir. Heureusement pour lui, un enquêteur plus intelligent que les autres se mets tout à coup à douter. Et grâce à celui-ci, la situation bascule et l'on assiste alors à une heureux dénouement. Tout cela me fait penser un peu à la démarche utilisée par Douglas Kennedy dans ses romans pourtant non policier, dans lesquels le héros, pour qui tout semble aller trop bien au début de l’histoire, sombre au fur et à mesure du récit pour rebondir de justesse à la fin du livre.

Autre similitude au niveau de la construction des scenarios, les deux auteurs font souvent appel à des évènements survenus dans le passé de la vie de leurs héros afin de justifier les épilogues de leurs histoires.

Les personnages sont toujours très manichéens, à l’exception peut-être du fameux « Win » - de la série des « Bolitar » - au profil ambigu, qui en endossant toutes les mauvaises actions nécessaires au bon déroulement de l’histoire, permet à son ami Myron de rester « propre » vis-à-vis de son entourage et surtout de sa conscience.

Harlan Coben utilise également ses romans pour promouvoir les valeurs de l’Amérique tout en donnant quelques coups de griffes à la société. Le fameux rêve américain – tout le monde à sa chance -, la bonne cohabitation entre les différentes communautés ethniques, la reconversion réussie des anciens sportifs, la belle vie des retraités à Miami mais aussi les juges corrompus, les avocats véreux, les matchs truqués, les policiers ripoux, les agents sportifs mafieux, l’alcoolisme, la drogue…

« Dans les bois » n’échappe pas à la règle. Le héros est un jeune procureur fraichement nommé à ce poste et qui se retrouve plongé dans son passé de fils de pauvre immigré russe car il a été mêlé bien malgré lui à une mystérieuse affaire de tueur en série lorsqu’il avait 17 ans, dans un camp de vacances tenu par un ancien hippie reconverti en moniteur de colonie. Tous les clichés sont là, mais on ne s’ennuie pas et le suspens est presque garanti jusqu’à la fin du livre.

Pas trop de violence, pas vraiment de scène de sexe, un aperçu de la vie au sein des communautés étudiantes et ses petites dérives, le tout reste politiquement correct. Le petit côté sentimental – amour de jeunesse perdu et retrouvé – permet de donner encore un peu plus d’humanité aux acteurs principaux du drame.

On devine déjà l’adaptation cinématographique.

Harlan Coben ne décrochera pas le prix Nobel de littérature avec ces romans mais la qualité du suspens, le côté sympathique des personnages et le style de narration font que l’on s’attache peu à peu à cet auteur et que l’on n’hésite pas à acheter ses ouvrages au fur et à mesure de leur parution.

Jean-Claude