critiques de livres - Le blog du club de lecture de suisse romande

11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 10:07

Paris - Brest, Tanguy Viel

paris-brest

Pour qui est un peu familiarisé (sic!) avec Hervé Bazin ou François Mauriac, la violence intrafamiliale ne présente plus de secrets. Mais ici, il y a en plus la manière. Dans un style qualifié en 4ème de couverture de verglacé, l'auteur nous fait partager sa détestation d'une mère intrigante flanquée d'un père inexistant. Pour compléter le tableau, une grand-mère faussement candide et un frère à la sexualité inavouée.

Secouez, et vous obtenez un roman noir de noir.

J'ai retiré 1 point, pour la simple raison que dès la première page, on pressent l'implosion.

Roman noir donc, mais sans vrai suspense.

Amitiés filiales,

Guy.

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 14:42

La petite fille de Monsieur Linh - Philippe Claudel

petite fille Linh

Monsieur Linh, accompagné de sa petite fille sage comme une image (on comprend pourquoi à la fin du livre), voit s'éloigner son pays debout à l'arrière d'un bateau. Il arrive dans une grande ville, dont il ne connaît pas la langue. Toujours en compagnie de l'enfant, il fait la rencontre d'un homme gros et solitaire qui devient son ami.

L'écriture est subtile, l'argument un peu mince.

J'ai le souvenir que dans le rapport de Broddeck, Philippe Claudel évoque aussi un pays indéterminé comme ici. Cela pourrait s'intituler un Vietnamien à New York.

Alors, poésie ou canular?

N'accède pas à l'universel qui veut.

N'ayant sans doute pas suffisamment la fibre poétique, j'ai tourné la dernière page en me disant que je m'étais fait piéger.

Amitiés pragmatiques,

Guy

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 09:06

La vie très privée de Mr. Sim, Jonathan Coe

vie privée Sim

Comment définir un bon roman? Parmi d'autres caractères, je mettrais: c'est un livre qui vous empêche d'en commencer un autre tant que vous ne l'avez pas digéré.

Cela ne va pas trop pour Maxwell Sim, 48 ans. Sa femme l'a quitté en compagnie de leur fille Lucy. Il est en arrêt maladie depuis plusieurs mois. Un ami lui propose un boulot de représentant en brosses à dents. Le voilà sur la route en Toyota hybride, en compagnie de la seule Emma, son GPS, dont il finira par tomber amoureux(!).
Coe mène le lecteur par le bout du nez, selon son habitude.

Les réflexions sur la solitude, le manque de communication dans une société Facebook avec ses centaines d' "amis",, l'hypocrisie d'un monde dirigé par le fric, autant de pistes sans avoir l'air d'y toucher. Les familles, à commencer par celle de Max, sont passées à la moulinette.

Je ne mets 'que' 4 sur 5 pour 2 raisons:
1. Il faut pratiquement 300 pages pour enfin entrer dans le vif du sujet. La fin du livre est cependant un régal.
2. Ce livre m'a mis mal à l'aise. Si certains d'entre vous l'ont lu, j'aimerais avoir leur avis. Difficile de donner les raisons de ce malaise sans dévoiler une partie du dénouement.

A vos claviers, et amitiés mystérieuses,

Guy.

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 10:13

La délicatesse, David Foenkinos

délicatesse

Un roman-bulle. Nathalie aime François. Il disparaît. Elle se reconstruit.

L'auteur est un conteur né. Son style léger et délicat (!) met le sourire aux lèvres.

Une bouffée d'air pur en ces temps de grossièreté (voir ma critique sur Zulu).

À recommander sans réserve si vous cherchez à faire une petite pause.

Amitiés plume au vent,

Guy.

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 09:31

Les visages, Jesse Kellerman

visages

Premier compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Un roman original, difficile à catégoriser, à mi-chemin entre la saga familiale genre « La Maison aux esprits » d’Isabel Allende et le roman policier à suspens. Si l’on peut regretter quelques petites longueurs, on voit nettement que l’auteur a étudié la psychologie à l’université. Les descriptions de toutes les émotions ressenties par les personnages sonnent vrai, et en particulier celles touchant les sentiments amoureux animant les principaux protagonistes. L’évolution des rapports entre générations au fil des décennies, le milieu artistique Newyorkais, tout est parfaitement documenté. Pas de scène d’horreur, pas de violence gratuite à la Maxime Chattam même si le fond de l’intrigue repose sur des crimes atroces. Les personnages sont ordinaires, à la limite de l’ « antihéros ». Pas de miracle technologique, l’ADN fait ce qu’il peut, CIS-NY n’est pas passé par là. On se sent presque dans la vraie vie, celle de tous les jours, celle des faits divers que l’on trouve chaque matin dans les journaux.

Le style (et par la même occasion la traduction) est agréable à lire, la construction du roman est bien conçue. Comme dans certains romans d’Emile Gaboriau, on va rechercher l’origine de l’intrigue dans le lointain passé des personnages.

Les 3 autres œuvres de Jesse Kellerman sont-elles du même niveau ? Jesse sera-t-il capable de continuer à faire aussi bien ? On ne peut que le souhaiter pour lui et pour nous lecteurs.

Jean-Claude

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 08:41

Les chaussures italiennes - Henning Mankell

chaussures italiennes

Le père du commissaire Wallander nous présente un personnage encore plus désabusé: le ci-devant docteur Fredrik Wellin, vivant totalement isolé sur une île de la Baltique. Sa carrière a été brutalement interrompue suite à une grosse faute médicale. Ses compagnons: une chienne et une chatte. Ses activités hivernales: scier un trou dans la glace pour s'y baigner. En été: surveiller l'évolution de la fourmilière dans sa salle à manger. Un jour, il voit débarquer Harriet, un amour de jeunesse abandonné à la fin de ses études. Elle se meurt d'un cancer, et vient lui demander de tenir une ancienne promesse: lui montrer un lac forestier de son enfance.
Suit une course contre le temps - et contre la mort.

Les personnages tiennent la route. Le misanthrope va se transformer. Il retournera sur son île. Mais il ne sera plus seul. Il portera même des chaussures italiennes à sa mesure.

Amitiés insulaires,

Guy.

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 17:38

Quatre jours en mars - Jens-Christian Grondahl

4 jours en mars

Petite déception de la part de l'auteur de Bruits du coeur, Sous un autre jour, Les mains rouges.

Je ne suis pas arrivé à accrocher totalement à l'histoire de Ingrid Dreyer, une battante de 48 ans, brillante architecte et mère d'un adolescent perturbé. Lors d'une réunion professionnelle à Stockholm, elle est rappelée d'urgence: son fils Jonas a été arrêté pour violences contre un jeune arabe. Tout sera remis en question: son mariage raté, sa relation avec son fils, avec un amant plus âgé de 20 ans, avec sa mère et sa grand-mère. La répétition des ratages de génération en génération est un des thèmes de ce roman touffu. On se perd un peu dans les personnages. Par contre, la description du 'miracle' danois complète les livres précédents. Grondahl reste un auteur danois important. De plus, il s'agit d'un francophile convaincu.

Amitiés architecturales,

Guy.

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 14:05

Le responsable des ressources humaines - A. B.Yehoshua

responsable ressources

Une femme anonyme meurt des suites d'un attentat suicide à Jérusalem. Sur la feuille de paie trouvée sur elle, on découvre une grande entreprise fabriquant du pain. Un journaliste du genre fouille-merde bondit sur l'occasion pour dénoncer le 'manque d'humanité' de cet employeur qui n'était même pas au courant de la disparition de l'ouvrière. Le DRH (voir titre), un ancien militaire, est chargé de clarifier la situation, et surtout de dédouaner le patron vis à vis de l'opinion publique. Cet homme encore jeune, dont on ne connaîtra pas le nom, se lance dans une enquête mouvementée, et finira par accompagner le corps de l'employée dans son pays natal, une ancienne république de la partie asiatique de l'URSS, non nommée également.

Un roman initiatique bien ficelé, et excellemment traduit de l'hébreu. Un livre sur la culpabilité, la responsabilité et la rencontre de l'autre.

Amitiés ressourcées,

Guy.

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 14:42

Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier - Patrick Rambaud

4ème chronique nicolas Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier - Patrick Rambaud

Fidèle à son projet, l'auteur nous livre sa version de la 4e année du Monarque Agité à la tête de son pays. En pleine forme pendant la première partie du livre, il s'emberlificote un peu vers la fin. Peut-être est-ce dû simplement au manque de nouveauté dans la gestion du pays?

Dès la première page, il trouve un nouveau surnom: Nicolas le Névrosé. Plusieurs personnages hauts en couleur sont passés en revue: la baronne Bachelot, le duc de Villepin, le chevalier David d'Ouillet, Monseigneur le Dauphin (le fils de Sa Majesté), le lieutenant criminel Besson, M.Woerth, duc de Chantilly, la Grande Duchesse de Bettencourt...

Petite déception, donc, mais quelques fulgurances bien venues.

Amitiés politico-ringardes,

Guy.

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 16:07

Les disparus, Daniel Mendelsohn

disparus

Les disparus - Daniel Mendelsohn - J'ai lu - 931 p.

Prix Médicis étranger 2007

Voilà un livre que l'on regrette de refermer. Un formidable travail, non seulement par le nombre de pages, mais surtout par l'engagement personnel de l'auteur. Ce juif américain est né en 1960. Pendant son enfance, sa famille proche et éloignée lui rappelait constamment sa ressemblance physique avec un oncle 'assassiné avec sa famille par les nazis'. Il fait des études de lettres classiques, et devient critique littéraire.

Depuis toujours son grand-père maternel lui racontait la vie à Bolechow, petite ville de Galicie (Pologne). Trois communautés y vivaient en bonne entente avant la dernière guerre: les Polonais, les Ukrainiens et les Juifs. Une partie des Juifs se sont expatriés au moment de la montée du nazisme. D'autres, parmi lesquels l'oncle Shmiel, le personnage principal du livre, sont restés, pour leur plus grand malheur.

L'enquête de Mendelsohn va révéler des histoires hallucinantes; entre autres les 'Aktionen' des Allemands afin d'éliminer les Juifs. Ils étaient 6000 (six mille). Il en est resté 36 (trente-six). D'abord torturés et abattus par balle, ils seront plus tard éliminés par le gaz. Pensez donc: ces malheureux SS étaient menacés de dépression à force de voir mourir femmes et enfants abattus en équilibre sur une planche au dessus de la fosse commune.

L'écriture du livre a pris 5 ans. L'auteur a voyagé à Bolechow (bien sûr, et plusieurs fois), en Suède, en Australie, au Danemark, à Vienne, en Israël. Il a cherché et trouvé des survivants, ou des témoins directs de l' Holocauste. ll a effectué un travail d'archivage colossal.

Je n'en sors pas indemne. ll reste néanmoins un message d'espoir: avec un minimum d'intelligence et de bonne volonté, l'être humain peut arriver à aller à la rencontre de l'autre.
Mon seul bémol (entièrement personnel): les commentaires sur la Torah m'ont paru fort indigestes malgré la qualité littéraire exceptionnelle de l'ensemble du livre.

Amitiés universelles,

Guy.

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