Cinquième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Un peu trop « naïf ». C’est le premier adjectif qui me vent à l’esprit à la lecture du roman de Qiu Xiaolong , « Les courants fourbes du lac Tai » mettant en scène l’inspecteur Chen. On n’y croit pas vraiment. L’intrigue policière sert surtout de prétexte à un pamphlet sur la Chine d’aujourd’hui. On sent que Qiu Xiaolong veut faire passer des messages, mais son discours est trop plein de clichés, les personnages sont trop manichéens, même l’inspecteur-poète est difficilement crédible. Tout y passe, la corruption, l’omniprésence du parti, la pollution, la libéralisation de l’économie à outrance… Trop c’est trop. Même Donna Leon, pourtant reconnue pour ses diatribes contre Venise et la société italienne en général, ne s’attaque pas à tous les sujets de contestation possibles dans un seul et même ouvrage. Et les enquêtes du commissaire Brunetti sont d’un autre niveau que celle de notre héros justicier solitaire Shanghayoo au cœur tendre.

Le style du roman est assez basique, est-ce du à la traduction ? On pourrait regretter un petit manque de dérision qui donnerait un tout autre regard au récit, à l’image du « Complexe de Di »  de son compatriote Dai Sijie.

Je donnerai peut-être une seconde chance à Qiu Xiaolong mais si l’inspecteur Chen ne me surprends pas un peu plus, je n’irai probablement pas jusqu’à effectuer une troisième tentative.

Jean-Claude

Jean Teulé a le don de faire revivre sous nos yeux les personnages de l’Histoire connus (Le marquis de Montespan, Rimbaud, François Villon) ou inconnu (Mangez-le si vous voulez), un peu à la manière de la téléréalité d’aujourd’hui. On s’y croirait. Dans Charly 9, on suit pas à pas le court règne de Charles 9, fils de Catherine de Médicis, frère du futur Henri III et responsable devant l’Histoire du massacre de la Saint-Barthélemy perpétré le 24 août 1572, massacre qui rappelons-le, a fait des milliers de mort dans toute la France.

Jean Teulé a choisi de nous présenter son « héros » comme un être faible, largement dépassé par les évènements qui l’entourent, incapable de résister à la volonté de sa mère, et sombrant lentement dans la folie quand il réalise pleinement l’horreur du massacre de la Saint-Barthélemy et la haine qu’il suscite désormais chez tous ses sujets aux quatre coins du pays.

Vérité historique ? Il est certain que Jean Teulé s’est abondamment documenté sur son personnage (il suffit pour s’en persuader de parcourir la liste des références citées en fin du livre). Choix de l’auteur pour donner une certaine « couleur » à son roman, car il s’agit bien d’un roman n’est-ce pas? En tous cas l’exercice de style est convaincant. Tout est plausible, des détails les plus intimes de la vie du roi à ses pensées les plus secrètes. Le récit est servi par des dialogues et des descriptions que l’on peut sans détour qualifier de crus et de percutants.

Comment faire connaître l’Histoire de France aux générations d’aujourd’hui ? Jean Teulé nous apporte peut-être une partie de la réponse avec son Charly.

Jean-Claude

Quatrième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Angoissant. Intriguant. Original. Un petit sentiment de malaise qui nous prend tout au long de la lecture de ce roman. Pourquoi ? Est-ce dû au fait que les victimes des meurtres sont des bébés ? A l’instabilité psychologique de l’héroïne principale, qui n’est pas sans rappeler le personnage de Jane Howard dans « Quitter le monde » de Douglas Kennedy ? Au mystère qui entoure sa naissance et qui trouvera comme par hasard son épilogue à la fin de l’enquête ? Probablement à tout cela, sans oublier la galerie de personnages inquiétants et bizarres que l’on croise tout au long du récit, les lieux non moins étranges où se déroule l’action, le mélange entre le paranormal et la technologie de pointe… Un rappel des origines américano-jordaniennes de l’auteur ?

La trame de l’histoire est bien montée. Les différents éléments composant l’intrigue vont finir par converger et Diana Abu-Jaber va apporter la solution à toutes les interrogations que l’on n’a pas pu manquer de se poser pendant les 542 pages de son récit.

Un thriller psychologique, sans violence, qui tient en haleine jusqu’à son dénouement malgré quelques longueurs.

Jean-Claude

Deuxième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Difficile d’appeler « Cotton Point » un roman policier. Il s’agit plutôt d’un roman d’ambiance qui fait penser (aller savoir pourquoi) à « La couleur pourpre » bien que le style de narration et les thèmes traités soient complètement différents. Les points communs, l’état de Géorgie, des personnages victimes des mentalités en vigueur dans la société de l’époque, des bourreaux sûrs de leur bon droit. Vingt ans séparent les deux récits, mais les choses avaient-elles vraiment changé entre les années 30 et les années 50 dans le sud des Etats-Unis bien connu pour ses positions ségrégationnistes ?

L’auteur nous livre une « anecdote » presque ordinaire que l’on peut assimiler à un fait divers révoltant mais semble-t-il malheureusement banal. L’histoire est présentée de telle manière à nous faire pénétrer dans la logique du personnage principal, le haïssable Paris Trout, et à nous le faire détester tout en nous faisant comprendre son état d’esprit représentatif d’une certaine époque (aujourd’hui révolue ?) dans une certaine Amérique (qui n’est pas celle que l’on préfère).

Certains vont pourtant se dresser, au péril de leur vie, contre cet état de fait et l’on sent poindre une lueur d’espoir qui, nous le savons, va conduire quelques décennies plus tard à une société un peu plus juste (mais on est encore loin du compte) et moins barbare (bien que ?).

Pete Dexter construit son roman à la manière d’un éditorialiste, une des professions qu’il exerce en parallèle avec son métier d’écrivain. Les personnages sont à la limite de la caricature, les traits poussés à l’extrême. Tout au long de la lecture, on ne fait qu’attendre avec une certaine impatience que le coupable soit enfin puni. Le seul suspens étant de savoir comment et surtout si ce châtiment va tomber du ciel ou être le fruit d’une prise de conscience de la société dans laquelle Paris Trout se sent jusqu’alors intouchable ? Quelques longueurs, je me suis personnellement parfois un petit peu ennuyé mais encore une fois, ce livre est à prendre autant comme le compte rendu d’un fait divers (inspiré de la réalité, pure fiction ?) que comme la peinture d’une certaine société, à une certaine époque de l’histoire des Etats-Unis.

Jean-Claude

Paru en néerlandais en 1983, traduit en français en 1996, ce court roman raconte plusieurs histoires qui se recoupent.

Klaas et Maya sont victimes d'un accident de voiture en se rendant à Menton. Maya continue sa route dans un camion avec ses trois enfants, pendant que Klaas fait réparer la voiture.

Sur ce canevas plutôt banal, Hella Haasse brode un roman qui aborde la poésie, le fantastique, le roman psychologique, le policier, sans que le lecteur ne s'égare un seul instant. Les histoires de Joop le camionneur sont particulièrement passionnantes. L'auteure a été comparée à Marguerite Yourcenar.

Une belle lecture...

Amitiés poétiques,

Guy.