L'auteur séjourne au Sri Lanka avec sa compagne Hélène au moment de la vague. Leur hôtel se trouvant au haut d'une falaise, ils sont épargnés par le tsunami. Ils font la connaissance d'un couple qui a eu moins de chance: leur petite fille Juliette âgée de 4 ans a été emportée.
De retour en France, le couple affrontera un autre drame : la soeur d'Hélène, également prénommée Juliette est emportée par un cancer à l'âge de 33 ans.

En lisant l'Adversaire, un livre plus ancien de Carrère, j'avais éprouvé un profond malaise en découvrant la trouble fascination provoquée par l'histoire de ce faux médecin qui sacrifia toute sa famille (femme, enfants et parents) afin d'éviter d'avoir à révéler la vérité sur sa vie biaisée.

Ici on sent une véritable empathie pour ses personnages. Emmanuel Carrère continue à régler ses comptes avec sa mère, leur histoire est évoquée dans ces pages. Les références à la psychanalyse semblent pointer un travail personnel, et c'est tant mieux pour le lecteur.

Quelques personnages secondaires prennent de l'importance dans le cours du livre. Parmi lesquels Etienne, juriste spécialisé dans les affaires de surendettement. Ce sont les pages à mon sens les plus rébarbatives du livre. La mort de Juliette, maman de 3 petites filles, est racontée avec beaucoup de pudeur. Le désarroi de son mari, Patrice, écolo un peu ahuri, et son courage face à sa solitude m'ont fortement ému.

Le titre du livre évoque une probable nouvelle évolution de l'écrivain. Courage, l'ami.

Amitiés empathiques,

Guy.

Voir aussi la critique de Jean-Claude (Mars 2008)

Une oeuvrette de Madame Gavalda publiée avant ses grands succès. Tiroir caisse oblige, on ressort cette gentille fable familiale dans un nouveau costume.

Deux frères et deux soeurs s'échappent lors d'un mariage assommant pour faire la fête de leur côté. Retrouver leur petite enfance, cela ne mange pas de pain, c'est mignon tout plein et totalement irréaliste. Le personnage qui me restera : la femme du frère aîné, Carine, pharmacien d'officine (non elle ne veut pas qu'on dise pharmacienne), une chieuse (c'est Anna qui l'écrit) devenant la tête de Turc de la petite bande.

Vite lu, vite oublié mais rafraîchissant.

Amitiés folâtres,

Guy.

Un réjouissant roman épistolaire co-écrit par une Américaine (ancienne bibliothécaire et libraire) et sa nièce (auteur de livres pour enfants). La première n'aura pas connu le succès de son livre puisqu' elle est décédée avant sa parution.

Peu de temps après la deuxième guerre mondiale, une jeune Londonienne reçoit une lettre d'un inconnu habitant Guernesey. Elle est romancière et trouve là le sujet de son nouveau livre. De fil en aiguille, elle finit par se faire des amis sur l'île et tout se terminera comme dans les contes de fées.

Un livre plein de délicatesse et d'humour comme seuls peuvent en écrire les anglo-saxons.

Le sujet n'est pourtant pas réjouissant au premier abord: l'occupation de l'île par les Allemands et les privations dues à la guerre. Le cercle littéraire se révèle en fait un lieu de résistance et la majorité de ses membres n'a lu que très peu de livres. Un des 'lecteurs' déclare: "Ma ferme me donne beaucoup de travail et je n'avais pas de temps à gaspiller à lire des choses que des personnes qui n'ont jamais existé n'ont jamais faites."

Un bon moment de détente.

Amitiés insulaires,

Guy.

Une tranche de vie. J’ajouterai même de vraie vie. Anna Sam, diplômée en littérature, a commencé à travailler comme caissière de grande surface pour payer ses études. Puis, ne trouvant pas de travail en rapport avec sa formation, elle conserve son emploi de base mais décide de créer un site Internet et d’y raconter son quotidien. Son livre est directement tiré des pages de son blog.  

Si l’idée n’est pas si originale – combien de millions de personnes aujourd’hui dans le monde racontent quotidiennement leur vie sur Internet au travers d’un blog, de Facebook, de Twitter ? – les anecdotes ne réservent pas non plus vraiment de surprises. On a tous été confronté à des comportements farfelus (quand on ne s’est pas comporté ainsi soi-même), on a tous agis de manière désagréable ou été au moins une fois agressif, facétieux, compatissant ou énervé vis-à-vis d’une caissière de supermarché. Seule peut-être, la description des conditions de travail – répartitions des horaires, aménagements des salles de repos, gestions des temps de pause, rapports avec la hiérarchie  – apporte quelque chose de nouveau au lecteur.  

Il n’en reste pas moins que le livre a rencontré un certain succès, déjà traduit en 21 langues et vendu à plus de 350'000 exemplaires - dont un certain nombre … en grande surface. Cette réussite peut s’expliquer par le fait que tout un chacun a sûrement ressenti une fois ou l’autre de la curiosité - teintée de voyeurisme? - pour les pensées intimes d’une caissière de super marché, et que les caissières elles-mêmes (plus de 170’000 rien qu’en France), quel que soit leur pays d’appartenance, ont pu se sentir fière de voir un livre qui leur est consacré.  « Caissières de tous pays unissez-vous ! ».

Reconnaissons donc à « Tribulations d’une caissière » un petit côté sociologique ainsi que le mérite d’attirer l’attention du public en général sur un métier trop souvent dénigré et méprisé. Enfin cette aventure montre également comment en partant d’une situation ordinaire et à la limite frustrante, on peut, avec un peu de volonté, d’imagination et de chance faire tourner la roue de la fortune dans le bon sens.  

A lire en allant faire ses courses.

Jean-Claude

Un nouveau « Da Vinci code » ? Pas si nouveau que ça en fait. D’après son auteur, «Le Dernier Templier» a été écrit au moins 7 ans avant la parution du « Da Vinci code » mais refusé en 1996 par un éditeur en raison des thèmes religieux qu’il présente. Neuf années plus tard, un nouvel éditeur décide de le publier, probablement  au vu du succès engendré par le livre de Dan Brown paru en 2003.

Les points de ressemblance? «Le Dernier Templier» débute par un holdup spectaculaire et sanglant au MET de New York,  le «Da Vinci code» par le meurtre du conservateur du Louvre. Les héros sont à chaque fois des universitaires, un professeur en symbolique flanqué d'une spécialiste en cryptologie travaillant pour la police chez Dan Brown, et une femme archéologue accompagnée par un agent du FBI chez Raymond Khoury. Une histoire d’amour va d’ailleurs se nouer entre ces deux derniers personnages qui aura un certain impact sur le déroulement et la chute de l’histoire.

Si ce n’est que les deux intrigues sont basées sur le fait que l’église catholique (et plus précisément  ses instances dirigeantes au Vatican) chercherait à dissimuler depuis des siècles certains secrets qui risqueraient de l’anéantir, la motivation des héros dans leur quête de la vérité diffère notablement d'un ouvrage à l'autre et par là-même l’esprit dans lequel les deux auteurs les ont écrits.

Dan Brown a déclenché la polémique avec l’avertissement préfaçant son livre où il annonce : « Toutes les descriptions de monuments, d'œuvres d'art, de documents et de rituels sacrés sont avérés » et en entretenant le flou entre fiction et ce qu’il prétend être vérité historique. L’ennemi désigné de l’église est une sorte de secte, « Le Prieuré de Sion » qui, d’après les historiens, ne semble ne jamais avoir existé. A titre d’exemple de la confusion alimentée par Dan Brown, on peut citer les vitraux de l’église Saint Sulpice à Paris où les lettres P et S sont présentées comme les initiales du Prieuré de Sion alors qu’elles se réfèrent dans la réalité à Saint Pierre et à Saint Sulpice.

Dans le livre de Raymond Khoury, « l’ennemi » n’est qu’un « pauvre » professeur d’histoire solitaire désirant se venger de l’église catholique pour des motifs strictement personnels. Le caractère des deux héros, l'archéologue et l'agent du FBI, leur croyance respective, la foi qui les animent et indirectement l’amour qui les rapproche vont créer une atmosphère très différente de celle présente dans le  « Da Vinci code ». Les faits historiques, ou présentés comme tels au cours du récit, sont exposés d’une manière claire par l'auteur et chacun est libre d’y trouver matière à mener sa propre réflexion.  

En résumé la recette du succès est connue mais elle est bonne. C’est agréable à lire même si ce n’est pas bien sûr de la grande littérature. On assiste à une grande chasse au trésor, on aborde les thèmes à la mode comme le « complot », la religion, le FBI, la CIA, le Vatican…. Même Marc Levy, qui n’a pas besoin d’aborder ce type de sujet pour vendre ses livres,  vient plus ou moins de se laisser entrainer dans le genre avec « Le premier jour » et « La première nuit ».

Que peut expliquer la différence entre les 86 millions d’exemplaires vendus du « Da Vinci code » et les « seulement » 3 millions du «Dernier Templier » ? Pourquoi une telle différence ? 105 chapitres pour l’un, 86 pour l’autre. Un nombre de pages sensiblement équivalent. Un style et un rythme assez comparables.  Alors un meilleur timing pour la publication du "Da Vinci code"? Avoir été pour Dan Brown le premier à se lancer dans le genre? Avoir bénéficié d'un meilleur marketing ? Ou simplement le fait d’avoir démarré – sciemment ? – une polémique dans laquelle l’Eglise elle-même est venue mettre son grain de sel sous forme d’avertissements et de recommandations à ses fidèles ? Difficile à savoir.

En tous les cas, pour ceux qui ont aimé le Da Vinci code comme pour les autres, je recommanderai la lecture du « Dernier Templier » afin de se faire une opinion par eux-mêmes et permettre à Raymond Khoury de combler son « retard » de lecteurs par rapport à Dan Brown.

Jean-Claude