Le blog du club de lecture de suisse romande

25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 08:50

Origine, Diana Abu-Jaber

Quatrième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Angoissant. Intriguant. Original. Un petit sentiment de malaise qui nous prend tout au long de la lecture de ce roman. Pourquoi ? Est-ce dû au fait que les victimes des meurtres sont des bébés ? A l’instabilité psychologique de l’héroïne principale, qui n’est pas sans rappeler le personnage de Jane Howard dans « Quitter le monde » de Douglas Kennedy ? Au mystère qui entoure sa naissance et qui trouvera comme par hasard son épilogue à la fin de l’enquête ? Probablement à tout cela, sans oublier la galerie de personnages inquiétants et bizarres que l’on croise tout au long du récit, les lieux non moins étranges où se déroule l’action, le mélange entre le paranormal et la technologie de pointe… Un rappel des origines américano-jordaniennes de l’auteur ?

La trame de l’histoire est bien montée. Les différents éléments composant l’intrigue vont finir par converger et Diana Abu-Jaber va apporter la solution à toutes les interrogations que l’on n’a pas pu manquer de se poser pendant les 542 pages de son récit.

Un thriller psychologique, sans violence, qui tient en haleine jusqu’à son dénouement malgré quelques longueurs.

Jean-Claude

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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 10:21

Les brumes du passé, Leonardo Padura

Troisième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Une bonne surprise. Une atmosphère fascinante. Une histoire originale. Un ex-inspecteur de police reconverti dans le commerce de livres rares. Avec un caractère bien affermi. Des convictions. Un grand cœur. Des vrais amis. Une envie de partager. Amoureux de la bonne chère et des plaisirs de la vie. Comment ne pas se délecter devant la description du repas, préparatifs y compris, que notre héros offre à tous ses vieux compagnons, riches et pauvres confondus, avec tout l’argent gagné sur une bonne affaire. La description de la dispute autour de la recette de « la dinde farcie à la manière de Rosa Maria Barata de Barata » pourrait sortir tout droit d’un roman de Pagnol.

Leonardo Padura nous fait plonger dans le Cuba d’aujourd’hui mais son intrigue nous emmène également dans le Cuba des années 50, celui des chanteuses de boléro aux voix chaudes et envoutantes, des cabarets, des casinos, des trafics, de la mafia américaine… La nation et son histoire sont décrites sans aucune concession mais sans animosité, objectivement, les bons côtés étant aussi bien mis en avant que les plus sombres. On ressent la fierté de Padura à nous parler de son pays, de tous les livres magnifiques édités à Cuba pendant des décennies, des recettes de cuisine originales du terroir, de la musique et des nombreux artistes ayant fait les beaux jours de La Havane…

Mario Conde, bien que ne faisant plus partie de la police me fait penser par son côté flegmatique, presque « bon enfant » et désireux de profiter de ce que la vie peut apporter quand elle le peut, aux commissaires Montalbano d’Andrea Camilleri et Charistos de Petros Markaris. Le lien entre ces personnages ? Un art de vivre, une certaine nonchalance. Est-ce dû au fait que nos trois héros vivent chacun dans un pays chaud, relativement loin de l’opulence ?

Je me réjouis de replonger aussi vite que possible dans l’univers de Padura et de son héros éminemment sympathique et attachant.

Jean-Claude

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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 09:05

Cotton Point, Pete Dexter

Deuxième compte-rendu, Prix du Meilleur Polar 2011, Editions Points

Difficile d’appeler « Cotton Point » un roman policier. Il s’agit plutôt d’un roman d’ambiance qui fait penser (aller savoir pourquoi) à « La couleur pourpre » bien que le style de narration et les thèmes traités soient complètement différents. Les points communs, l’état de Géorgie, des personnages victimes des mentalités en vigueur dans la société de l’époque, des bourreaux sûrs de leur bon droit. Vingt ans séparent les deux récits, mais les choses avaient-elles vraiment changé entre les années 30 et les années 50 dans le sud des Etats-Unis bien connu pour ses positions ségrégationnistes ?

L’auteur nous livre une « anecdote » presque ordinaire que l’on peut assimiler à un fait divers révoltant mais semble-t-il malheureusement banal. L’histoire est présentée de telle manière à nous faire pénétrer dans la logique du personnage principal, le haïssable Paris Trout, et à nous le faire détester tout en nous faisant comprendre son état d’esprit représentatif d’une certaine époque (aujourd’hui révolue ?) dans une certaine Amérique (qui n’est pas celle que l’on préfère).

Certains vont pourtant se dresser, au péril de leur vie, contre cet état de fait et l’on sent poindre une lueur d’espoir qui, nous le savons, va conduire quelques décennies plus tard à une société un peu plus juste (mais on est encore loin du compte) et moins barbare (bien que ?).

Pete Dexter construit son roman à la manière d’un éditorialiste, une des professions qu’il exerce en parallèle avec son métier d’écrivain. Les personnages sont à la limite de la caricature, les traits poussés à l’extrême. Tout au long de la lecture, on ne fait qu’attendre avec une certaine impatience que le coupable soit enfin puni. Le seul suspens étant de savoir comment et surtout si ce châtiment va tomber du ciel ou être le fruit d’une prise de conscience de la société dans laquelle Paris Trout se sent jusqu’alors intouchable ? Quelques longueurs, je me suis personnellement parfois un petit peu ennuyé mais encore une fois, ce livre est à prendre autant comme le compte rendu d’un fait divers (inspiré de la réalité, pure fiction ?) que comme la peinture d’une certaine société, à une certaine époque de l’histoire des Etats-Unis.

Jean-Claude

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 12:36

Le Monde de Simenon, volume 1

simenon-vol-1 Le Monde de Simenon, volume 1, Editions Le Monde.

Il nous parle d’un temps....

Simenon, je le prenais pour une vieille connaissance. Simenon et Maigret, bien sûr. Quelle différence ? Et les Maigret je les connais tous par coeur que ce soit sur le petit ou sur le grand écran, incarné par le modeste Jean Richard ou le sublime Bruno Crémer en passant par Jean Gabin.

Et puis le Monde décide, au printemps 2011 de publier en vingt volumes, sous la houlette de Pierre Assoulin, une soixantaine des 192 romans que le père de Maigret a publié sous son nom.

Nous achetons le premier et là, je découvre, stupéfaite, éblouie, je n’ai pas peur de l’avouer, un écrivain à l’écriture souveraine, poétique, fascinante qui vous plonge dans des univers très noirs, certes, mais pleins d’humanité, de tendresse et pafois de légèreté et qui fouille l’âme humaine avec autant de profondeur et de subtilité qu’un Marcel Proust, pour ne citer que lui.

Je connaissais Simenon, je croyais le connaître, je ne l’avais jamais lu !

Un style, des personnages ou plutôt des « personnes » tellement vivantes, tellement « exactes » que l’on croirait lire des biographies avec, en prime, des suspenses tels que chaque chapitre terminé réclame d’attaquer le suivant.

Enfin, une peinture de la societé du milieu du XXème siècle, des années 30 aux années 50, societé qui nous semble aussi obsolète que la Cour du roi Soleil.

Les trois romans du premier volume s’appellent :

« La fuite de Monsieur Monde » qui conte la disparition soudaine d’un grand industriel parisien le jour de son 48ème anniversaire que personne n’avait pensé à lui souhaiter ;

« Maigret s’amuse », un Maigret plein de légèreté ou le Commissaire mis en « vacances » obligatoire par son médecin traitant, s’amuse à suivre une enquête policière à la manière du public de l’époque : sans l’aide de la PJ, sans portable, sans télé, sans Internet, juste avec les journeaux et la radio qui publient les faits divers comme de véritables feuilletons ;

et enfin « Strip-tease », peinture noire et un peu glauque, je le reconnais, de l’envers du décors d’un cabaret de la Côte d’Azur avec les patrons, les danseuses, les clients, les petites vacheries et les véritables drames.

Essayez ce premier volume et vous ferez sans doute comme moi, vous achéterez toute la série... pour les lire, pas seulement pour décorer votre bibliothèque.

Julie

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 08:32

Les routes de l'imaginaire - Hella S.Haasse

routes imaginaire

Paru en néerlandais en 1983, traduit en français en 1996, ce court roman raconte plusieurs histoires qui se recoupent.

Klaas et Maya sont victimes d'un accident de voiture en se rendant à Menton. Maya continue sa route dans un camion avec ses trois enfants, pendant que Klaas fait réparer la voiture.

Sur ce canevas plutôt banal, Hella Haasse brode un roman qui aborde la poésie, le fantastique, le roman psychologique, le policier, sans que le lecteur ne s'égare un seul instant. Les histoires de Joop le camionneur sont particulièrement passionnantes. L'auteure a été comparée à Marguerite Yourcenar.

Une belle lecture...

Amitiés poétiques,

Guy.

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 10:12

Le rameau brisé - Jonathan Kellerman

rameau brisé

Premier épisode de la série entamée en 1985, mettant en scène le psychologue Alex Delaware et son ami policier Milo Sturgis.

Un psychiatre et son amie hispano ont été assassinés de manière particulièrement sordide. Une petite fille de sept ans est le seul témoin. Mais elle est devenue mutique. Notre psychologue va tenter de la faire parler sous hypnose.

Une belle galerie de portraits déjantés et passablement tordus. Avec (déjà) la pédophilie en point de mire.

Le lecteur se sent bien sûr délicieusement normal, comparé à cette bande de pervers. Certains événements récents en Norvège pourraient toutefois inciter à se poser des questions sur le comportement de citoyens apparemment bien intégrés. L'auteur est psychologue, cela ne se remarque pas trop. Il a le sens du suspense à l'américaine. Ses personnages tiennent la route. Du beau travail.

Amitiés psychopathologiques,

Guy.

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 10:07

Paris - Brest, Tanguy Viel

paris-brest

Pour qui est un peu familiarisé (sic!) avec Hervé Bazin ou François Mauriac, la violence intrafamiliale ne présente plus de secrets. Mais ici, il y a en plus la manière. Dans un style qualifié en 4ème de couverture de verglacé, l'auteur nous fait partager sa détestation d'une mère intrigante flanquée d'un père inexistant. Pour compléter le tableau, une grand-mère faussement candide et un frère à la sexualité inavouée.

Secouez, et vous obtenez un roman noir de noir.

J'ai retiré 1 point, pour la simple raison que dès la première page, on pressent l'implosion.

Roman noir donc, mais sans vrai suspense.

Amitiés filiales,

Guy.

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 14:42

La petite fille de Monsieur Linh - Philippe Claudel

petite fille Linh

Monsieur Linh, accompagné de sa petite fille sage comme une image (on comprend pourquoi à la fin du livre), voit s'éloigner son pays debout à l'arrière d'un bateau. Il arrive dans une grande ville, dont il ne connaît pas la langue. Toujours en compagnie de l'enfant, il fait la rencontre d'un homme gros et solitaire qui devient son ami.

L'écriture est subtile, l'argument un peu mince.

J'ai le souvenir que dans le rapport de Broddeck, Philippe Claudel évoque aussi un pays indéterminé comme ici. Cela pourrait s'intituler un Vietnamien à New York.

Alors, poésie ou canular?

N'accède pas à l'universel qui veut.

N'ayant sans doute pas suffisamment la fibre poétique, j'ai tourné la dernière page en me disant que je m'étais fait piéger.

Amitiés pragmatiques,

Guy

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 09:06

La vie très privée de Mr. Sim, Jonathan Coe

vie privée Sim

Comment définir un bon roman? Parmi d'autres caractères, je mettrais: c'est un livre qui vous empêche d'en commencer un autre tant que vous ne l'avez pas digéré.

Cela ne va pas trop pour Maxwell Sim, 48 ans. Sa femme l'a quitté en compagnie de leur fille Lucy. Il est en arrêt maladie depuis plusieurs mois. Un ami lui propose un boulot de représentant en brosses à dents. Le voilà sur la route en Toyota hybride, en compagnie de la seule Emma, son GPS, dont il finira par tomber amoureux(!).
Coe mène le lecteur par le bout du nez, selon son habitude.

Les réflexions sur la solitude, le manque de communication dans une société Facebook avec ses centaines d' "amis",, l'hypocrisie d'un monde dirigé par le fric, autant de pistes sans avoir l'air d'y toucher. Les familles, à commencer par celle de Max, sont passées à la moulinette.

Je ne mets 'que' 4 sur 5 pour 2 raisons:
1. Il faut pratiquement 300 pages pour enfin entrer dans le vif du sujet. La fin du livre est cependant un régal.
2. Ce livre m'a mis mal à l'aise. Si certains d'entre vous l'ont lu, j'aimerais avoir leur avis. Difficile de donner les raisons de ce malaise sans dévoiler une partie du dénouement.

A vos claviers, et amitiés mystérieuses,

Guy.

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 10:13

La délicatesse, David Foenkinos

délicatesse

Un roman-bulle. Nathalie aime François. Il disparaît. Elle se reconstruit.

L'auteur est un conteur né. Son style léger et délicat (!) met le sourire aux lèvres.

Une bouffée d'air pur en ces temps de grossièreté (voir ma critique sur Zulu).

À recommander sans réserve si vous cherchez à faire une petite pause.

Amitiés plume au vent,

Guy.

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